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Chapitre I- Le début d'une aventure.

          Depuis quelques mois, une grève des mineurs de charbon compliquait l'apport de ce dernier vers les navires en partance d'Angleterre. Les directeurs des compagnies maritime devaient faire des choix afin de faire naviguer le plus de passagers possible sur l'océan. En cette matinée du Mercredi 10 avril de l'année 1912, les docks du port mondialement reconnut de Southampton allaient laisser s'en aller un véritable monstre d'acier. Le plus gros, le plus beau paquebot jamais construit au monde, le Titanic. A cette heure matinale, il était encore amarré au quai du port. Les passerelles d'embarcation reliaient toujours le bâtiment flottant à la terre ferme. Les aussières qui retenaient le navire n'étaient tendues en rien. Le soleil brillait, le vent ne se faisait pas sentir, le gigantesque vaisseau était parfaitement immobile, comme posé sur la terre.
          Je m'appelle Charles, Charles de Morvan. Je suis né en 1881. Fils unique d'une riche famille bretonne, je porte, comme le veut la tradition, le nom de mon père. Militaire de haut rang, il avait perdu la vie en Chine lors de la guerre de Boxers en 1900. Ma mère avait conservé la maison et j'avais hérité de la fortune de mon père. Elle devait s'ennuyer toute la journée dans cette vieille bâtisse des temps anciens. Mon métier de journaliste ne me permettait pas de rester avec elle, j'allais lui rendre visite dès que je le pouvais cependant. 
          J'étais avec elle, lorsque le bruit du téléphone, tout neuf, résonna entre les murs de la maison. C'était le rédacteur en chef de Ouest-Eclair, le journal pour lequel je travaillais, édité à Rennes. Il m'expliqua la situation préoccupante causée par la grève des mineurs de charbon en Angleterre. Je devais me rendre à Southampton pour rendre compte des conséquences de la grève dans ce port immense, l'un des plus réputé d'occident.
          Cela faisait maintenant un mois que j'envoyais mes comptes rendus d'Angleterre jusqu'au jour ou je reçus, de la direction, un billet d'embarcation de première classe pour le Titanic. Je ne comprenais pas ce que cela signifiait. Nous étions le 4 avril. Tout le monde, ici, à Southampton, ne parlait que du Titanic qui avait accosté au port la nuit passée. Il subissait en ce moment même les dernière finissions qui feraient de lui un paquebot parfait pour son voyage inaugural. Ici, je n'avais pas le téléphone, je me rabattais donc sur l'envoi d'un message par TSF à Ouest-Eclair. La réponse ne se fit pas attendre. L'après-midi même. « Charles, tu es le plus proche du RMS TITANIC. Embarques à bord, envoi un rapport de New-York. Tout frais payés, profites »
          Le temps de réaliser, mon cœur s'emballa. Je ne faisais plus partie de ceux qui ne feraient que rêver du voyage inaugural à bord du plus grand transatlantique au monde. J'allais le vivre ! Comment se préparer à un tel voyage ? La nuit tombait, je retournais dans ma chambre d'hôtel face au quai ou, dans quelques jours, le Titanic serait amarré.
          Le 10 avril arriva vite. J'eus à peine le temps de terminer mon dernier rapport sur l'évolution de la grève des mineurs de charbon. J'avais trouver une conclusion parfaite. La compagnie maritime White Star Line, propriétaire du Titanic avait réquisitionné le charbon de deux autres de ses navires pour le transférer dans le Titanic. De cette manière, le paquebot avait suffisamment de matière pour atteindre le nouveau monde sans encombres.
          Alors que j'écartais les rideaux de la fenêtre de ma chambre d'hôtel pour laisser passer la lumière du jour, je le vis. Il était déjà là. Son ombre couvrait la totalité du quai. Il était gigantesque, énorme ! Sa proue fièrement dressé lui donnait un air inattaquable. Sa coque d'un noir de jais contrastait superbement avec la blancheur des superstructures qui la surmontait. Les proportions étaient justes parfaites. De ma fenêtre, je ne le voyais pas entièrement. Les cheminées beige surplombées d'une manchette noire fumaient déjà malgré l'heure matinale. Les quais se remplissait peu à peu de passagers et de badauds venus observer le géant des mers que l'on disait presque insubmersible. Ca et là, on pouvait apercevoir l'uniforme d'un officier se précipitant vers le navire pour y embarquer afin de prendre son poste avant l'embarcation des passagers. 
          Bien que j'eus du mal à le quitter des yeux, je quittais ma fenêtre et allais prendre mon petit déjeuner. Une fois fait, je remontais chercher ma petite valise. Elle semblerait bien ridicule face aux montagnes de bagages des riches passagers de première classe qui allaient embarquer. Je quittais l'hôtel qui m'avait accueilli pendant plus d'un mois après avoir payé la facture quelque peu élevée mais payée aux frais de la société. J'ignorais si c'était un traitement de faveur dû à mon rang social mais le journal m'offrait toujours des hébergements confortables. C'était aussi le cas à bord du Titanic. Si je ne bénéficiais pas d'une suite, je serais tout de même logé dans une cabine de première classe. Je fréquenterais quelques unes des plus grandes personnalités du moment mais il me faudrait également descendre dans l'entrepont, rapporter les conditions de vie des passagers modestes de troisième classe.
          Dehors, sur les quais, désormais bondés, j'essayais de me frayer un chemin parmi la foule compacte. D'ici, la paquebot paraissait plus imposant encore. Je pouvais maintenant voir la poupe. La quatrième cheminée, visiblement, ne fumait pas, je me demandais vaguement pourquoi mais ne m'en souciait pas. Pas un nuage avait décidé de venir troubler la journée ensoleillée.
          Alors que j'approchais de la passerelle de première classe, un steward vint à ma rencontre. Avec un fort accent français, il me dit :
          -Bonjour monsieur, vous serez des nôtres à bord du Titanic ?
          -Effectivement.
          -Puis-je me permettre de vous demander votre numéro de cabine afin de vous débarrasser vos bagages et de les acheminer à bon port ?
          -Et bien, je dois avoir le billet quelque pars... Je cherchais le billet de première classe que Ouest-Eclair m'avait fait envoyer. Je le sortit enfin d'une poche intérieure de mon veston et regarda le numéro de la cabine. Je répondais au steward. Cabine X.
          -Bien monsieur, avez-vous d'autres bagages à transporter ou à placer dans la soute réservée au passagers de votre classe ?
          -Je crains que non, monsieur. Ma valise, bien maigre je vous l'accorde, est mon seul bagage.
          -Bien monsieur, je vous souhaite une bonne embarcation à bord du Titanic. Pour atteindre votre passerelle d'embarcation vous devrez entrer dans le grand bâtiment derrière. Vous y trouverez un escalier, prenez-le, il vous mènera aux escaliers mobiles que vous voyez derrière-moi. De là, la passerelle sera accessible, elle vous mènera au pont B du Titanic. C'est l'entrée la plus proche de votre cabine qui se situe deux pont au-dessus.
          -Merci, bonne journée à vous.
           Sur ces quelques explications, je repris la marche en direction de la passerelle que venait de m'indiquer le steward, les mains désormais libres.
          Je n'avais jamais emprunté de navire de ce type. Je me contentais d'ordinaire de navires plus petits. Je me souviens de mon dernier voyage en Amérique. Le navire qui m'avait acheminé là-bas n'appartenait pas à la White Star mais à une compagnie britannique concurrente, la Cunard. Son unique cheminée rouge lâchait de gros panaches de fumée. Il était bien-sûr moins imposant que le Titanic. Le Carpathia, c'était son nom, était tout de même un fier navire. Il fit son voyage inaugural en mai 1903 et voyageait inlassablement sur l'Atlantique depuis lors.
          Après avoir monté les escaliers à l'intérieur de ce bâtiment lugubre, j'arrivais effectivement à l'intérieur de cet affreux escalier mobile ou la passerelle qui me conduirait au navire m'attendait. Un autre steward me demanda mon billet que je lui présentais. Il m'ouvrit la route, je marchais enfin sur cette maudite passerelle. Le soleil me fit oublier l'odeur nauséabonde de cette escalier qui, manifestement, n'était pas nettoyé régulièrement. Face à moi, le Titanic paraissait plus imposant que jamais. Je voyais nettement les rivets qui tenaient les plaques d'acier entre-elles. J'essayais mentalement de les compter, sachant que c'était impossible. 10, 15, 30... J'entrais dans le navire. 

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