Bondée
l'entrée était bien modeste. Un steward ma donna un petit livret en
me souhaitant bon voyage. Sur ma droite, une double porte était
fermée. Face à moi, il y avait deux doubles portes équipées d'un
œil de bœuf sur chaque battant. Les deux portes étaient séparées
d'une fenêtre ouvrant sur une pièce bien plus luxueuse. Je quittais
la foule et les murs blancs de l'entrée pour arriver dans une grande
pièce ou trônait, au centre, ce fantastique escalier qui faisait la
fierté du navire. Quelques fauteuils étaient installés ça et là
dans la pièce, autour des murs. Deux doubles portes faisaient face à
l'escalier. Curieux, je contournais celui-ci.
Derrière lui, trois
cages d'ascenseurs. Face à eux, deux autres doubles portes
encadraient un canapé entouré de deux fauteuils. La pièce était
fabuleuse. On était émerveillé dès notre arrivée à bord. Je
retournais devant l'escalier pour monter aux niveaux supérieurs. Le
steward sur le quai m'avait dit que ma cabine se situait deux ponts
plus haut. Au-dessus des fauteuils et entre les doubles portes face à
l'escalier, une horloge surplombait un panneau du mur sculpté de
fruit et d'ornement au-dessus duquel était écrit en lettre de
cuivre « B Deck », pont B. Je contemplais cette partie du
mur si fournie lorsque...
-Excusez-moi
monsieur. Voulez-vous que je vous accompagne à votre cabine ?
Un steward se tenant droit comme un « i » attendait
visiblement une réponse. Prit de cours je répondis :
-Oui,
volontiers.
Je
suivais le jeune homme qui commença à monter les marches de
l'escalier de chêne. L'escalier, à mi-niveau, se séparait en deux
formant un « T ». Le pont A était composé de la même
manière que le pont inférieur. Canapés et fauteuils entouraient
les pans de mur. Alors que le steward contournait l'escalier pour
monter au niveau supérieur, une lumière vive donnait l'impression
de tomber du plafond. En levant la tête, je découvris, avec
émerveillement un dôme de verre blanc orné de fer forgé. La
lumière qui tombait en cascade illuminait la pièce grâce à une
mezzanine percée au pont supérieur. Je repris le chemin de ma
cabine, accompagné de mon guide qui n'avait pas l'air de se soucier
le moins du monde du décors fabuleux qui l'entourait. Nous arrivions
au pont dit « des embarcations ». Le plus haut,
apparemment. Le steward ouvrit une porte directement sur sa droite en
haut de l'escalier. Nous quittions la large pièce illuminée par ce
puits de lumière venant directement du ciel pour entrer dans une
coursive. Après avoir dépassé quelques porte, nous arrivions au
bout de la coursive. Sur ma droite, une porte était surmonté d'un
petit écriteau « Crew Only » Seul les membres
d'équipages pouvaient continuer par ici. C'est la porte, face à
moi, qui marquait la fin de la coursive que le steward ouvrit.
-C'est
ici monsieur. Bon voyage et n'hésitez pas à faire appel à nos
services si vous en sentez le besoin. Bon voyage.
J'entrais
dans la petite cabine. Face à moi, une armoire cachait une penderie.
La cabine s'étendait vers la gauche. Un lit équipait le fond de la
cabine sur lequel avait été posé ma petite valise. Un étrange
meuble ou était installé un lavabo pliable surmonté d'un miroir se
tenait entre l'armoire et le lit. De l'autre côté, se trouvait un
petit radiateur. Enfin, un fenêtre, au-dessus du lit ouvrait sur
l'extérieur du pont des embarcations. A travers elle, je pouvais
voir les quais, toujours aussi bondés. J'allais fermer la porte. La
coursive, vide de toute présence humaine paraissait beaucoup moins
chaleureuse que le hall d'entrée. A genoux sur le lit, fort
confortable, j'ouvrais la fenêtre. Le bruit du quai se faisait
entendre nettement. J'ouvrais le petit livret que le steward m'avait
donné à mon entré dans le navire. Tout était écrit en anglais.
On pouvais y lire le nom du commandant, des premiers officiers, du
commissaire de bord, du chef mécanicien etc... En dessous les noms
de quelques passagers voyageant également en première classe. La
suite du livret donnait les informations à savoir sur le
fonctionnement du navire. Les horaires des restaurants, la façon
d'envoyer des messages par TSF et pleins de petites informations
utiles à savoir. Je le feuilletais rapidement avant de me décider à
ressortir.
Il
était midi un quart, je voulais sortir sur le pont admirer le départ
du transatlantique qui devait partir à peine un quart d'heure plus
tard. Le temps de reprendre ma veste, de sortir de la cabine, fermer
la porte avec la clé donné par le steward, je me retrouvais dans la
coursive. Je tournais à gauche, à droite, ouvrait une porte, me
retrouvait dans le hall d'entrée, à droite du grand escalier. La
verrière, une nouvelle fois me fascina. Je sortais par un petit sas
de l'autre côté de la pièce. L'air me fit le plus grand bien. Je
m'approchais du bastingage. Sur ma droite, les énormes canots de
sauvetages semblaient prendre un espace considérable. Fort
heureusement, ils ne couvraient pas toute la longueur du pont. Je
m'accoudais sur la palissade. Les derniers passagers embarquaient
rapidement. A peine quelques secondes après que mon arrivée, les
passerelles furent retirées. Lentement, elle s'éloignaient du
navire, retenu uniquement par les aussière bien fixées aux bites
d'amarrage.
Bientôt, des vibrations commencèrent à se faire
sentir. Le bruit des moteurs se fit entendre, le puissant klaxon du
Titanic fit écho dans toute la petite ville de Southampton ricochant
entre les murs des maisons. Les aussières furent détachées et dans
une vibration plus puissante que les précédentes le vaisseau
s'ébranla. Les passagers autour de moi faisaient de grand gestes,
saluant la foule massée sur les quais, disant au revoir à un ami, à
un parent. Petit à petit, nous apercevions le bord du quai. Je
m'éloignais laissant ma place aux autres passagers. La sirène, de
nouveau se fit entendre. en passant par une terrasse surélevée, me
retrouvais de l'autre côté du pont, presque désert. Les cheminées
du Titanic lâchait de gros jet de fumée noire. Par-dessus le
bastingage du côté tribord, je vis plusieurs remorqueurs éloignant
le mastodonte de la terre ferme. Les cordages qui les unissaient
étaient tendues mais ne lâchaient pas. Quelques minutes plus tard,
alors que le navire avançait dans le chenal, on sentit les hélices
se mettre en route. Les vibrations se firent plus intenses encore.
Les remorqueurs, après avoir lâché les liens qui les unissaient au
Titanic s'éloignèrent. Il était maintenant autonome.
Je
retournais vers les autres passagers afin d'observer les quais que
l'on continuait à longer. Le Titanic amorça son premier virage sur
bâbord qu'il réussit avec merveille. Une troisième fois, le
Titanic fit résonner de toute sa puissance son klaxon. Nous
dépassions deux petits navires amarrés sur les quais. L'un d'eux
était l'Océanic. Un des deux navires de la White Star dont le
charbon avait été réquisitionné pour permettre au Titanic de
faire son voyage. Alors que je regardais l'Oceanic, regrettant de na
pas avoir ajouté une photographie à mon dernier rapport, je cru
voir le deuxième navire, s'avancer vers le Titanic. Effet d'optique
certainement. Quelle sensation que de sa savoir sur le plus gros
paquebot jamais construit au monde. Quand soudain le cri des
passagers à ma droite m'alerta.
-Oh
my god, look this ship !
Je
regardais en direction du New-York dont on ne voyait plus que la
proue. La poupe du navire était visiblement attirée par le Titanic.
Irrésistiblement, on voyait l'arrière de ce petit bateau
s'approcher dangereusement. J'ignorais comment cela c'était produit
mais la collision semblait désormais inévitable. Soudain, les
vibrations des hélices brillèrent par leurs absences quelques
secondes avant de se faire de nouveau sentir. Entre temps, nous
avions changé de cap. Le Titanic faisait marche arrière, tentant
d'éviter la collision avec le New-York. Ce dernier frôla la coque
du Titanic, sans la toucher cependant. La poupe passa devant la proue
du géant des mers. Un remorqueur arriva et prit en charge le
New-York, le ramenant sur le quai. Le temps de l'incident plus
quelques vérifications de routine afin de voir si tout fonctionnait
convenablement, le Titanic put enfin repartir, avec plus d'une heure
de retard vers Cherbourg, sa première et seule escale continentale.
Alors
que le transatlantique s'éloignait maintenant du port de
Southampton, la vie commençait à bord. Les passagers, pour beaucoup
étaient descendus au pont D, s'installer dans la salle à manger. La
matinée, longue et fatigante leur avaient donné faim. Ce n'était
pas mon cas. Je longeais le pont, marchant lentement. Soudain un
steward, derrière-moi me fit sursauter.
-Bonjour
monsieur, voici un message pour vous.
Il
s'éloigna comme il était arrivé après m'avoir donné une
enveloppe. Le petit drapeau de la White Star Line représentant une
étoile blanche sur fond rouge était dessiné. J'ouvrais
l'enveloppe. Le capitaine Smith m'invitait à lui rendre visite le
plus rapidement possible.
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